Sortie Ouessant des 30 et 31 mai 2022.Le compte rendu Jean Pol de KMCE:
Un coup de fil : « Tu veux faire un tour à Ouessant ? ». C’est Hervé mon copain de KMCE qui me fait part de la proposition de Patrick de TEV . Même pas de concertation familiale, c’est oui et le surlendemain nous nous retrouvons sur le quai d’Argenton. Ouessant est dans le couché de soleil, devant un verre, 3 kayakistes causent, cap, météo, Fromveur, quand, survient Bertrand, le quatrième larron, également Teuvien. Le cadre est là, l’équipe aussi, nous sommes comme les maçons, au pied du mur.
Lundi, 8h30, le départ. C’est cocasse, l’île, par sa forme, ressemble à un crabe (ses deux pinces enserrant la baie de Lampaul), et bien, c’est en crabe, dans notre jargon faire un bac, que nous atteignons notre but. Le temps est beau , la mer belle, nous glissons sur l’eau et, 3h15 plus tard, nous doublons la pointe Sud Est de Ouessant. La féerie minérale commence, mais, pas de spot pique-nique en vue. Il nous faut nous résoudre, malgré nos estomacs affamés, à poursuivre notre navigation jusqu’à la plage du Prat dans la baie de Lampaul.
Nous repartons, bien requinqués, pour affronter la partie Nord de l’île. Là, Patrick m’explique que la pointe de Pern au Nord Ouest est parfois, un peu bougeante… j’ai de grosses lacunes en « rivière », aussi je stresse un peu. Finalement, c’est comme il a dit, mais, on est encore en début de marée et la mer est calme, donc, ça le fait sans encombre, mais. pendant ¼ d’heure, j’ai un peu négligé le paysage, pour me concentrer sur mes appuis. Le panorama est superbe, on est sur une autre planète, on a l’impression d’être les premiers, de la roche partout, il fait beau, mais on ne peut s’empêcher de penser que souvent ici, les éléments se déchaînent et, alors là……….
Nous continuons notre route, Bertrand prend plein de photos, les autres restent muets d’admiration, chacun engrange son plein d’images et d’impressions, nos bientôt 7h de navigation ne nous pèsent même plus. Arrive enfin, après le tour de l’île de Keller, notre point d’étape, une site improbable, un endroit de bout du monde, un lieu sauvage comme pas possible. Ultime supplice, un passage sous arche et une navigation souterraine d’une cinquantaine de mètres, avant d’atteindre la cale de Calgrac’h, une cale bien pentue où nous devrons nous mettre à 4 pour porter chaque kayak.
Les bateaux mis en sécurité, nous redevenons terriens. Pour faire simple, après une sympathique discussion avec le pêcheur du coin, nous filons jusqu’au bourg de Lampaul pour faire fructifier l’économie locale, à savoir le pub et la crêperie. Les tentes montées, la séance de TaÏ Chi terminée, c’est, un petit réconfort à la main, que nous guettons le « rayon vert » d’un magnifique couché de soleil. keller.jpg (300.72 Kio) Vu 685 fois Le lendemain, nous avons à nouveau droit au soleil, mais à l’Est ce coup-ci, Bertrand en a profité pour faire un long footing. Nous reprenons notre périple autour de l’île, le courant ne nous est pas favorable et le passage de l’île Cadoran (Nord Est) s’avère un peu délicat, mais le paysage est toujours aussi grandiose. Puis, c’est le port du Stiff, où, un dauphin joueur et peu farouche parachève de manière phénoménale notre circum navigation. C’est dans l’anse Ar C’hromm que nous découvrons une petite grève pour casser la croûte et attendre la renverse de la marée.
Top départ. Malgré force peu de vent, et un début de marée, le Fromveur chahute déjà. En guise d’au revoir, un Fulmar Boréal vient nous saluer et nous repartons pour 12 miles de navigation « en crabe ». La mer est belle, aux coups de pagaie qui se succèdent, Bertrand rajoute des coups de fil à son boulot (il est beau le télé travail!!!!) et, peu à peu, le phare du Four grossit à l’horizon. A mi parcours, les Océanites tempête que nous avons croisés à l’aller, se manifestent à nouveau, nous les laissons à leurs jeux et approchons du but. Perdu dans les cailloux, le port d’Argenton se fait un peu désirer, mais après 3h40 d’efforts nous touchons enfin la cale d’arrivée. Une petite bière, de cordiales salutations, des promesses de futures nav, les bateaux chargés, c’est parti pour un long trajet retour en voiture, les yeux plein d’étoiles et de paysages fabuleux, ivres de nature sauvage et de souvenirs fantastiques.
Merci Patrick pour ta maîtrise, ton expérience et ta bonne humeur partagées, j’espère, qu’avec Bertrand et Hervé nous ne t’avons pas déçu et que tu penseras à nous pour une future balade aussi exceptionnelle. Tout fut parfait, on pourrait dire « sous contrôle » car Dame Nature nous a permis de l’approcher dans sa suprême beauté. Si tel n’avait pas été le cas, on n’ose y penser. Aller à Ouessant, c’est une grande école de modestie, il faut un sage meneur (Patrick ce coup ci), des planètes bien alignées (comme on dit), du grand beau temps, un coeff de marée raisonnable, de la bonne humeur, un groupe homogène et aucun pépin majeur. Après, ce n’est que du bonheur et……il était bien d’y être ces 30 et 31 mai 2022. Après de savants calculs Hervé estime que nous avons parcouru 38 miles nautiques en 2 jours (70 km).